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Nous n’avons de défauts que l’excès de nos qualités.


Dans nos vies, nous développons tous un caractère qui devient au fil des ans une véritable carte d’identité. Pour ce faire, nous nous façonnons une personnalité en nous appuyant sur des particularités, des croyances, des compréhensions, ... Ces traits de personnalité sont acquis dans le milieu dans lequel enfant nous grandissons. Il s’acquiert auprès des adultes référents qui nous élèvent, nous éduquent ou sont sensés le faire. De ces traits, pour quelques uns plus prépondérants, découlent nos comportements.

Dans un contexte ou un environnement donné, en présence de certaines personnes et selon leurs comportements particuliers, nous constatons que des espaces sont stimulés en nous un peu plus qu’à leur niveau habituel. Sans avoir sur l’instant le chemin de l’analyse, de la maîtrise, ni de la compréhension d’un « pourquoi », nous commençons à sentir des tensions et des pressions, à ressentir quelques charges émotionnelles (des sentiments de colère, de tristesse, de honte, de dégoût,… liés à la peur). Dans ces moments d’augmentation du stress, nous sommes pour ainsi dire poussés par la force d’un mécanisme - devenu automatique - à sur-jouer et à sur-utiliser nos traits de personnalité-fondamentaux*. En un instant, la température monte, nos mouvements perdent de leur fluidité,… çà monte à la tête et la machine s’enraye. Ces traits de personnalité, qui intrinsèquement sont dans une certaine neutralité, sont alors exacerbés passant de « qualités » à « défauts ». Nous n’avons de défauts que l’excès de nos qualités.

* Ces traits de personnalité-fondamentaux sont ceux que nous nous reconnaissons et que les autres à l’évidence nous reconnaissent également.

Dans un réflexe de survie, nous poussons le curseur du trait de caractère le plus présent dans notre vécu de l’instant vers un niveau de plus en plus élevé, jusqu’à être dix fois, cent fois, mille fois, dix mille fois excessifs : trop, trop, tellement trop… empathique, ou écoutant, ou disponible, perspicace, altruiste, généreux, tranquille, charismatique, etc. selon les individus. Dans cette situation d’excès, sans en avoir conscience, notre « point fort » devient un réel handicap. Nous tombons dans notre piège (et nous avons autant de pièges en potentiel que de traits identitaires !). L’aspect le plus redoutable de ce piège, c’est qu’il a la saveur d’une source de plaisir, l’apparence du seul refuge qui nous est salvateur. Notre cerveau nous fait goûter à un plaisir, en nous faisant croire que c’est folie d’en sortir, alors que la folie est d’y rester…

Pour éviter ce piège, ou pour en sortir (ce qui est plus difficile encore), il convient de s’engager à connaître nos obstacles et nos moyens et forces en présence, en l’occurrence toutes les parts de notre personnalité jusque là reniées, notamment celles qui sont les plus en souffrance. Développer la connaissance de soi et de nos comportements peut nous permettre de gagner en maîtrise, et ainsi éviter le piège qui sinon, très vite referme ses portes et nous fige. Ce développement de conscience nous facilite l’accès à nos traits de personnalité-défis.

C’est un vrai challenge pour soi dans le sens où il s’agit de caractéristiques dont nous nous sommes coupées, souvent dès notre plus jeune âge, à des moments particulièrement impactants de notre vie, des moments souvent liés à une situation sidérante et / ou de traumatismes répétitifs. Pour cet enfant que nous étions, c’étaient des façons d’être interdites ; et cela perdure pour l’adulte d’aujourd’hui.

Ces marques de personnalité, il ne fallait surtout pas les montrer ni les faire valoir auprès des adultes référents présents (contexte familial le plus souvent) sous peine de rejet, d’abandon, de bannissement, ... Impossible pour l’enfant que nous étions de transgresser cet interdit venu d’en haut, et de prendre le risque de n’être plus rien aux yeux de ses dieux-parents (ou ceux qui en avaient le rôle). Ces indicateurs là sont très fortement maintenus enfouis et emprisonnés en nous avec les parts enfants correspondantes, cadenassées par des peurs encore vivaces, des peurs à la mesure des risques potentiellement encourus à cette époque par l’enfant. Petit à petit, notre spontanéité naturelle et notre singularité d’enfant se sont ainsi amenuisés, écrasés qu’ils ont été par des vindictes moralisatrices, castratrices faces auxquelles, enfants, nous ne pouvons remettre en cause.

Pour éviter le piège, il va falloir se relier au trait de personnalité-défi adéquate à la situation donnée. Nous allons devoir prendre conscience qu’être et agir en appui sur ce trait-défi ne signifie pas se couper de notre trait-fondamental, celui avec lequel nous nous reconnaissons et nous sommes reconnus. Cà n’est pas : être comme ceci ou comme cela, mais c’est : être comme ceci et comme cela. (être empathique et proactif, être perspicace et patient, être généreux et centrés en soi, être minutieux et altruiste, etc.). C’est se voir et se reconnaître comme étant enfin complet, un.

Se réapproprier ces traits de personnalité-défis dont nous redoutons terriblement les excès, est particulièrement difficile et demande un énorme courage (dans le sens du cœur qui agit). Cela peut paraître et faire vivre un véritable enfer en nous. Il y a là des portes d’accès à nos parts-enfants souffrantes, des souffrances anciennes, intimes, profondes, physiquement et psychiquement. Et si nous voulons retrouver notre complétude, cet enfant, comme toutes les parts abandonnées au bord de notre chemin, il va nous falloir les rencontrer, les accueillir en tant que Femme ou Homme que nous sommes aujourd’hui. Nous allons devoir les prendre par la main et les aimer pleinement, faire pleinement alliance avec elles, et les emmener avec soi sur notre route. Ces parts sont celles qui recèlent les véritables trésors qui vont nous permettre d’évoluer vers notre accomplissement.

Tant que nous nous refusons à nous-même l’accès à l’ensemble de nos spécificités d’identité niées, c’est dans la relation avec l’autre que nous allons un tant soit peu tenter de les ressentir. Depuis un espace de manque, nous allons faire en sorte que l’autre soit dans un excès de ce trait particulier pour tenter de s’accaparer quelques miettes, sentir quelques parfums de celui-ci. Et en même temps, ce trait de personnalité en excès est tellement fusionné avec la notion de danger absolu que nous sommes irrémédiablement contraints à entrer dans notre piège. Ainsi nous créons nous-même notre propre allergie qui nous mène, via une autoroute neuronale, tout droit dans notre enfermement, le prenant inconsciemment pour une aire de repos et de plaisirs.

L’aspect vicieux de cette situation dans la relation est que le trait de personnalité-allergique** de l’un est le trait de personnalité-piège de l’autre ; et vice-et-versa.

** Trait de personnalité-allergique ici, c’est l’excès d’un trait de personnalité dont nous nous sommes inconsciemment coupés l’accès enfant.

Aussi, l’accueil de l’ensemble de nos traits de caractère, et plus encore, la neutralisation mentale de l’ensemble de ces traits est salvatrice dans nos relations, de soi à soi et avec les autres.

Amener de la neutralité dans nos traits singularités, donc dans nos comportements et dans notre vision de ceux des autres, c’est en quelque sorte réunir ce que nous appelons « qualités » et leur pendant nommés « défauts », qui ne sont en fait que les sur-jeux des précédents.

Faire le choix et s’appeler à être neutre dans nos expériences vécues, c’est choisir de remettre l’Être que nous sommes aux commandes, et notre personnalité à son service. Sans maîtrise et ce choix conscient de la neutralisation de notre grille mentale, c’est l’inverse qui se réalise, et c’est le décor que nous prenons en pleine face ou dans lequel nous nous égarons…

Se mettre en quête d’un objectif de bon, de confort, d’agréable nous amène tout droit dans les filets de nos pièges. Le bonheur n’est pas un but, il est une conséquence. C’est l’effet d’un choix d’alignement corps-âme-esprit, celui de notre nature véritable que nous sommes venus vivre sur cette terre en tant que Femme et Homme incarné, dans notre humanité.


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